Le module intitulé « Les ateliers de compétences parentales » s’inspire du programme de Renforcement des compétences parentales et infantile créé au Québec, en 1997-98, pour la communauté haïtienne. Il vise à prévenir la violence et la dysharmonie familiale en améliorant les pratiques parentales. Le programme  comprend cinq rencontres de groupe (12 à 20 participants) avec possibilité d’un suivi  individualisé à la suite de la participation aux ateliers. Lors de la première rencontre, les conséquences négatives, à court  et à moyen terme, de la correction physique sur le développement de l’enfant, sur les plans physique et psychologique, sont examinées. À la deuxième rencontre, il y a identification des méthodes alternatives aux corrections physiques dans l’exercice de l’autorité parentale. À la troisième rencontre, il y a retour sur l’application par les parents de méthodes disciplinaires autres que les corrections physiques. On clarifie l’essence même de la relation d’aide et de la résolution de conflits en insistant sur les attitudes à développer, et sur les qualités à cultiver pour remplir autrement ses rôles parentaux. À la quatrième rencontre, on analyse et on conçoit du matériel d’intervention avec les parents en fonction de leurs propres difficultés à exercer leur autorité parentale sans violence, et de la nécessité de les résoudre comme chef de famille. Lors de la cinquième rencontre, on remet aux participants des groupes un certificat-meritas. Les participants en profitent pour témoigner de leur démarche, et de l’utilité de la formation. Après avoir complété le programme, les parents peuvent fréquenter un groupe d’entraide afin de consolider les acquis.

Durant l’expérimentation du projet, les intervenantes du programme Nouvelles familles ont décidé d’offrir, en plus des visites à domicile, des rencontres de groupe qui s’inspirent du module Les ateliers des compétences parentales. L’objectif est d’améliorer leurs méthodes éducatives et leur lien d’attachement avec l’enfant. Trois rencontres de groupe ont habituellement lieu.

Projet financé par : Grands-Defis-Canada-Grand-Challenges

Haïti n’a pas de politique ni de système de santé mentale, et manque chroniquement de ressources professionnelles. La population doit compter sur ses propres moyens, son réseau familial et social, ainsi que sur les tradipraticiens pour résoudre les troubles mentaux dont sont affectés les citoyens. Lorsqu’il y a nécessité de consulter les services professionnels, la population n’a d’autre choix que de se rendre à Port-au-Prince où sont dispensés les rares services. Quant aux enfants, la situation des services est encore plus désastreuse. Ce manque d’accès à des soins et à des traitements de qualité se rencontre dans un très grand nombre de pays à faible et à moyen revenu. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de changer la situation. Mais les conditions socio-économiques, politiques et sociales des pays constituent des obstacles aux changements presque insurmontables pour un bon nombre d’entre eux. Pour former les médecins nécessaires au fonctionnement d’un système de santé incluant la santé mentale (250 médecins sont annuellement formés en Haïti), le gouvernement haïtien a négocié en l’an 2000 un programme conjoint avec Cuba pour former 1 000 médecins. Même si la majorité des médecins a été formée depuis ce temps, les résultats escomptés n’ont pas été atteints. À cause de divers facteurs dont les modalités de pratique et les conditions salariales, les professionnels quittent en très grande majorité le pays. En santé mentale, il y a actuellement 41 médecins (27 psychiatres) et 314 professionnels paramédicaux, la plupart concentrés à Port-au-Prince.

Dans ce contexte caractérisé par la pénurie de ressources, et de professionnels, Grands Défis Canada a accepté de financer un projet original intitulé « Développement d’un réseau de services communautaires informels en santé mentale destinés à aider les victimes de violence infantile familiale sous la responsabilité d’un groupe d’aidants naturels en Haïti ». Le projet pose le défi d’élargir l’accès aux soins et d’offrir des soins de qualité dans les pays à faible revenu. Il propose une approche intégrée multifactorielle auprès des enfants victimes de violence ou de maltraitance, ou à risque de l’être. Les technologies sur lesquelles le projet repose permettent de faire face aux effets négatifs (troubles développementaux, affectifs et de comportement) de la violence envers les enfants. Les technologies sont des programmes qui répondent à des critères de promotion, de prévention et de réadaptation probants. Le troisième aspect innovateur du projet est la création d’un contexte de services communautaires dans lequel les programmes proposés dans le projet peuvent s’insérer. Enfin, les intervenants sont des aidants naturels engagés comme travailleurs communautaires ou Agents de Changement de Milieu (ACM).

Objectifs

  1. offrir des services de promotion, de prévention et de réadaptation efficaces et à coût abordable en milieu communautaire;
  2. mettre au point des services psychosociaux fondés sur des données probantes pour être administrés par des non-spécialistes et
  3. améliorer l’accès des enfants et des familles à ces services.

LES MODULES D’INTERVENTION

  1. Le module de littératie vise à augmenter la capacité des citoyens à trouver de l’information sur la santé mentale compréhensible et pertinente. Le module s’inspire de modèles réalisés ailleurs dont l’évaluation a décelé une meilleure capacité à reconnaître les symptômes (dépression) et une meilleure perception de l’efficacité des services professionnels. Le module fait la promotion de la santé mentale et de la non-violence par des émissions radiophoniques, et par des rencontres avec des associations.
  2. Les amis de Zippy est un programme développé à la fin des années 90 en Grande Bretagne avec pour objectif la promotion des mécanismes d’adaptation des enfants de première année du primaire. Son postulat est que l’acquisition d’un répertoire de stratégies de coping efficaces à un âge précoce rend les enfants moins susceptibles de développer des problèmes plus tard. Le programme est divisé en six modules : sentiments et stratégies pour les gérer, communiquer les sentiments, se faire des amis, résoudre les conflits, composer avec les sentiments, et utiliser une variété de stratégies d’adaptation. Ces modules sont abordés en 24 séances d’une heure dans le milieu scolaire sous la direction des enseignants.
  3. Le programme des Nouvelles familles vise à prévenir les abus et la maltraitance dans les familles vulnérables avec de très jeunes enfants. Le programme vise à modifier les pratiques parentales néfastes, à améliorer l’environnement physique, affectif et social. Le programme cible aussi la relation des parents avec les enfants, les habiletés sociales, les habitudes de vie et le soutien. Dans le cadre de cette stratégie sous forme de visites à domicile, les intervenants, bénévoles ou non, utilisent diverses approches dont les plus répandues sont les conseils et le soutien social.
  4. Le programme de renforcement des compétences parentales et infantile a été créé en 1997-98 au Québec spécifiquement pour la communauté haïtienne par deux éducateurs, Jean-Michel Piquant et Daniel François. Il vise à prévenir la violence et la dysharmonie familiale en améliorant les pratiques parentales adaptées à la culture haïtienne. Le programme comprend quatre rencontres de groupe incluant un contact téléphonique avant le début des rencontres pour désamorcer des situations difficiles. Il y a également une possibilité d’un suivi individualisé à la suite de la participation aux ateliers. Les enfants sont pris en charge lors des rencontres des parents en participant à des ateliers qui leur sont destinés. Lors de la première rencontre, les conséquences négatives, à court et à moyen terme, de la correction physique sur le développement de l’enfant, sur les plans physique et psychologique sont examinées. À la deuxième rencontre, il y a identification des méthodes alternatives aux corrections physiques dans l’exercice de l’autorité parentale. À la troisième rencontre, il y a retour sur l’application par les parents de méthodes disciplinaires autres que les corrections physiques. On clarifie l’essence même de la relation d’aide et de la résolution de conflits en insistant sur les attitudes à développer, et sur les qualités à cultiver pour remplir autrement ses rôles parentaux. À la quatrième rencontre, la dernière, on analyse et on conçoit du matériel d’intervention avec les parents en fonction de leurs propres difficultés à exercer leur autorité parentale sans violence, et de la nécessité de les résoudre comme chef de famille. On fait ensuite un face à face avec les enfants, et les groupes reçoivent leurs certificats-méritas. Ils en profitent pour témoigner de leur démarche et de l’utilité de la formation.
  5. Le module Kay Fanmi est un service de consultation et de référence ouvert à l’ensemble de la population de Grand-Goâve. Les consultations sont assurées par les Agents de Changement de Milieu (ACM) – les intervenants locaux – soutenus par des professionnels psychologues qui ont intégré l’organisme, formés et supervisés localement et à distance par des professionnels montréalais.