De 2015 à 2017 et suite à l’initiative d’une des intervenantes de GROSAME, les nouvelles mères de la zone de Grand-Goâve ont eu accès à un nouveau service. Il s’agissait d’ateliers durant lesquels ces dernières apprenaient, tout en étant guidées et encouragées par l’intervenante investigatrice de ce volet du projet, des habiletés liées à l’art de la broderie.
Durant ces ateliers, les jeunes mères ont été invitées à réaliser, de façon méticuleuse, des ornements colorés sur des nappes initialement vierges. Lorsque terminées, les nappes ont été vendues et les profits rapportés répartis entre les participantes aux ateliers.
N’ayant pour la plupart pas terminé leurs études et ne détenant aucun emploi, ces jeunes mères étaient, auparavant, presque entièrement dépendantes de leurs parents, ou encore du père de leur enfant. Depuis leur participation aux ateliers de broderie, ces dernières ont acquis des connaissances dont elles peuvent user afin d’obtenir une certaine autonomie sur le plan financier.
Par ailleurs, plusieurs participantes ont démontré une généralisation de leurs acquis, utilisant leurs apprentissages au sein des ateliers, afin de broder des vêtements (notamment des uniformes scolaires) contre rémunération, pour des membres de la communauté.
En plus des avantages lucratifs qui y sont associés, notons que la participation aux ateliers de broderie a constitué, pour les nouvelles mères, une occasion de développer leur sentiment de compétence (celles-ci ont d’ailleurs mentionné retirer une grande fierté de leurs créations) ainsi que leur capacité à travailler en équipe.
De plus, les groupes de broderie représentaient un lieu sécuritaire et exempt de jugement ayant permis à ces dernières d’échanger sur différents sujets reliés à leur nouveau rôle de mère et de ventiler sur les difficultés qu’elles rencontraient au quotidien. À ce sujet, plusieurs mères ont mentionné avoir développé des liens d’amitiés avec les autres participantes ainsi qu’un lien d’attachement important à l’intervenante. Les groupes de broderie représentaient en quelque sorte pour elles, une deuxième famille ou pouvaient s’exprimer empowerment et solidarité.
Enfin, ces groupes ont constitué, pour l’intervenante, une occasion d’observer les comportements des mères avec leurs enfants qui les accompagnaient souvent, faisant ainsi le pont avec les autres volets du projet, visant à améliorer les compétences parentales et le lien d’attachement mère-enfant.