Terre d’immigration à ses débuts (19ème siècle), Haïti est devenue au cours du XXe siècle, une terre d’émigration avec ses habitants qui s’expatrient vers de nombreux pays aux langues et aux cultures diverses comme les États-Unis, la République dominicaine, la France, la Belgique, le Canada particulièrement le Québec…

De nombreux citoyens haïtiens ont trouvé en ce dernier une terre d’accueil et une nouvelle patrie. Aussi, leur désir de contribuer à son développement et à celui du Canada, associé au traitement qui leur est fait comme citoyens à part entière, a permis un mariage politique, culturel, économique, sanitaire et social entre eux et les habitants du territoire hospitalier. De fait, le gouvernement québécois n’a-t-il pas choisi Haïti comme pays prioritaire dans sa politique de coopération internationale ?

À l’instar de leurs concitoyens québécois/canadiens, les membres de la communauté haïtienne ont fait preuve d’acculturation, contribution sans conteste à l’évolution de la culture québécoise. Le volume Ces Québécois venus d’Haïti en est une illustration. Mais, tout comme les autres citoyens québécois/canadiens, le parcours individuel d’un certain nombre est jalonné de difficultés existentielles, économiques, identitaires, familiales, maritales, scolaires, sans parler de problèmes de santé mentale, etc. Quant au parcours collectif de la communauté, il a ses marques dans les problèmes cruciaux de l’ensemble de la société québécoise : inégalités socio-économiques, chômage, violence, criminalité, grossesse précoce chez les adolescentes…

Du même coup, Haïti traverse une période tellement complexe qu’il est difficile de savoir où elle en est. « Le verre est-il à moitié vide ou à moitié rempli ? » Nous prenons la deuxième option, ne serait-ce que pour saluer le courage de cette population qui lutte pour sa survie en faisant preuve d’imagination, d’initiative, pour ne pas dire de résilience. Est-ce par reconnaissance ou par patriotisme que la diaspora haïtienne ne puisse rester insensible à ce qui se passe là-bas à l’intérieur du pays ? Un bon nombre de ses membres ont en effet essayé de s’impliquer, en participant à des projets de toutes sortes. Le temps semble venu d’institutionnaliser davantage les échanges et d’ouvrir un dialogue entre Haïti et les communautés haïtiennes de partout.

Les premiers pas dans le cadre du colloque Haïti-Québec-Canada : Vers un partenariat en santé mentale, tenu les 24 et 25 avril 2008 ont été faits. Cette démarche a permis d’engager un dialogue dans un domaine trop souvent négligé : la santé mentale. Elle vise une meilleure accessibilité aux services et des soins adéquats pour une meilleure qualité de vie de toutes les communautés haïtiennes partout où elles se trouvent.

Dans cet esprit de partenariat, la deuxième étape de ce dialogue est la création du site internet Santé mentale et communautés haïtiennes qui se veut un lieu de convergence des débats sur cette thématique. Il ouvre ses pages à toute personne intéressée par la question de la santé mentale tant en Haïti qu’en terres étrangères, qu’elle soit citoyenne ou chercheur, usagère ou intervenante, etc.

Le site Santé mentale et communautés haïtiennes comporte diverses sections susceptibles de permettre l’expression par divers médias des particularités de la santé mentale dans les différentes communautés haïtiennes. Ces sections s’enrichiront au fur et à mesure des suggestions de chacun de vous qui a l’opportunité de lire, d’écouter nos émissions, d’analyser, de critiquer pour l’avancement des nouveaux enjeux qui se développeront dans le champ de la santé mentale.