De 2016 à 2017, GROSAME a reçu une subvention du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec qui a permis d’entamer, au mois de septembre 2016, la deuxième phase de la série d’émissions Grosame en Ondes. Jusqu’à juin 2017, 22 émissions d’une durée d’une heure ont été diffusées chaque lundi, en direct, depuis une radio communautaire haïtienne nommée Radio Zansét.

Tout comme celles issues du premier volet du projet, ces nouvelles émissions ont été inspirées de textes ayant été écrits par une professionnelle de la santé mentale, notamment dans le but de prévenir la maltraitance. Toutefois, plusieurs modifications ont été apportées, par rapport à la première phase du projet, quant aux sujets abordés, au format des émissions ainsi qu’à leur processus d’élaboration.

D’abord, des mesures ont été prises par les membres de l’équipe afin de rendre le contenu des émissions plus accessible à la population. Parmi ces mesures, notons la traduction en créole de tous les scénarios ainsi que la discussion en équipe, afin d’y incorporer des exemples adaptés à la réalité haïtienne.

Ensuite, un nouveau format de diffusion des émissions a été adopté, afin d’en renforcer le cadre. Dès lors, la première partie des émissions a été consacrée à la présentation des scénarios et la deuxième aux interventions des auditeurs. Cette nouvelle formule a permis aux animateurs d’offrir de l’information de manière structurée, tout en ayant donné l’occasion aux membres de la communauté d’émettre et de partager leurs points de vue et réflexions sur les sujets abordés.

Enfin, le plus important changement a été l’ajout du module littératie enfant aux émissions (lesquelles ne comprenaient à l’origine que la dimension littératie adulte). Des élèves provenant de trois écoles primaires de la ville de Grand-Goâve ont participé à l’élaboration et à la diffusion d’émissions radiophoniques portant sur des sujets de leur choix. Ainsi, en plus de les initier au fonctionnement de la radio et à la programmation radiophonique, le projet a constitué une occasion pour eux de discuter de sujets qui leur tenaient à cœur, comme la résolution de conflits à l’école, l’intimidation et les règles d’hygiène.

En outre, afin d’être en mesure de leur fournir un encadrement et une supervision tout au long du projet, les enseignants de ces jeunes ont reçu, au préalable, une formation sur le processus de création d’émissions de la part d’un expert haïtien en communication. En bref, cette seconde phase de la série d’émissions de radio de Grosame en Ondes a permis la participation de personnes appartenant à diverses tranches d’âges, issues de différents milieux ou encore possédant différents types d’expertises, à des réflexions entourant des problématiques les touchant eux, ainsi que les membres de leur communauté.

Terre d’immigration à ses débuts (19ème siècle), Haïti est devenue au cours du XXe siècle, une terre d’émigration avec ses habitants qui s’expatrient vers de nombreux pays aux langues et aux cultures diverses comme les États-Unis, la République dominicaine, la France, la Belgique, le Canada particulièrement le Québec…

De nombreux citoyens haïtiens ont trouvé en ce dernier une terre d’accueil et une nouvelle patrie. Aussi, leur désir de contribuer à son développement et à celui du Canada, associé au traitement qui leur est fait comme citoyens à part entière, a permis un mariage politique, culturel, économique, sanitaire et social entre eux et les habitants du territoire hospitalier. De fait, le gouvernement québécois n’a-t-il pas choisi Haïti comme pays prioritaire dans sa politique de coopération internationale ?

À l’instar de leurs concitoyens québécois/canadiens, les membres de la communauté haïtienne ont fait preuve d’acculturation, contribution sans conteste à l’évolution de la culture québécoise. Le volume Ces Québécois venus d’Haïti en est une illustration. Mais, tout comme les autres citoyens québécois/canadiens, le parcours individuel d’un certain nombre est jalonné de difficultés existentielles, économiques, identitaires, familiales, maritales, scolaires, sans parler de problèmes de santé mentale, etc. Quant au parcours collectif de la communauté, il a ses marques dans les problèmes cruciaux de l’ensemble de la société québécoise : inégalités socio-économiques, chômage, violence, criminalité, grossesse précoce chez les adolescentes…

Du même coup, Haïti traverse une période tellement complexe qu’il est difficile de savoir où elle en est. « Le verre est-il à moitié vide ou à moitié rempli ? » Nous prenons la deuxième option, ne serait-ce que pour saluer le courage de cette population qui lutte pour sa survie en faisant preuve d’imagination, d’initiative, pour ne pas dire de résilience. Est-ce par reconnaissance ou par patriotisme que la diaspora haïtienne ne puisse rester insensible à ce qui se passe là-bas à l’intérieur du pays ? Un bon nombre de ses membres ont en effet essayé de s’impliquer, en participant à des projets de toutes sortes. Le temps semble venu d’institutionnaliser davantage les échanges et d’ouvrir un dialogue entre Haïti et les communautés haïtiennes de partout.

Les premiers pas dans le cadre du colloque Haïti-Québec-Canada : Vers un partenariat en santé mentale, tenu les 24 et 25 avril 2008 ont été faits. Cette démarche a permis d’engager un dialogue dans un domaine trop souvent négligé : la santé mentale. Elle vise une meilleure accessibilité aux services et des soins adéquats pour une meilleure qualité de vie de toutes les communautés haïtiennes partout où elles se trouvent.

Dans cet esprit de partenariat, la deuxième étape de ce dialogue est la création du site internet Santé mentale et communautés haïtiennes qui se veut un lieu de convergence des débats sur cette thématique. Il ouvre ses pages à toute personne intéressée par la question de la santé mentale tant en Haïti qu’en terres étrangères, qu’elle soit citoyenne ou chercheur, usagère ou intervenante, etc.

Le site Santé mentale et communautés haïtiennes comporte diverses sections susceptibles de permettre l’expression par divers médias des particularités de la santé mentale dans les différentes communautés haïtiennes. Ces sections s’enrichiront au fur et à mesure des suggestions de chacun de vous qui a l’opportunité de lire, d’écouter nos émissions, d’analyser, de critiquer pour l’avancement des nouveaux enjeux qui se développeront dans le champ de la santé mentale.

La cérémonie de lancement du projet a eu lieu au bureau de GROSAME Grand-Goâve le mardi 14 janvier 2014. Cette activité, inscrite dans un contexte de communication, poursuivait plusieurs objectifs :

  1. Sensibiliser la communauté sur la problématique de santé mentale.
  2. Rappeler l’histoire de GROSAME et son fonctionnement.
  3. Présenter au grand public le projet dans ses différents volets.
  4. Présenter les acteurs impliqués dans le projet et les enjeux.
  5. Initier le partenariat avec d’autres associations locales, des ONG, des autorités locales, des autorités sanitaires.

Les différentes interventions des acteurs locaux et internationaux impliqués dans le projet sont inscrites dans la poursuite de ces objectifs. Des autorités du domaine de la santé (Responsable de la santé mentale au Ministère de la Santé Publique et de la Population, Directeur d’hôpital psychiatrique) ont été invitées pour contribuer à l’objectif de sensibilisation de la communauté. Cette activité a eu une grande couverture médiatique.

La cérémonie a duré deux heures (10h-12h). Plusieurs personnalités ont pris la parole en cette matinée. Les premiers mots ont été ceux de deux membres fondateurs du groupe : M. Jean Lucner Da et M. Monthas Toussaint. M. Jean Lucner Da, coordonnateur de GROSAME Grand Goâve, a présenté des mots de bienvenue aux différents invités et rappelé le début difficile du groupe qui n’a cependant jamais lâché prise. Il a mis l’accent sur le bénévolat qui a permis à des citoyens de Grand Goâve de trouver un certain accompagnement psychosocial dans différentes situations. Dans ses propos, il a profité pour rappeler aux différentes autorités représentées à la cérémonie l’importance de donner la main au réseau communautaire pour rendre plus efficientes et plus efficaces les actions en santé mentale. De son coté, M. Monthas Toussaint, responsable des interventions cliniques, a expliqué le mode d’intervention clinique, son évolution, les forces et faiblesses des intervenants. Il a voulu remercier certaines personnalités qui ont contribué à initier le mouvement et qui continuent aujourd’hui de former les ACM en vue de l’amélioration quotidienne des modes d’intervention. Il a brièvement présenté les différents volets du projet en mettant l’accent sur les impacts éventuels sur les besoins de la communauté. Ces propos ont été couronnés par ceux de la marraine du groupe, Mme Adeline Raphaël, qui a voulu les féliciter pour leur volonté et leur persévérance à participer au développement de leur communauté.

Suite aux discours des membres de GROSAME Grand-Goâve, le professeur Yves Lecomte de la TELUQ a débuté ses propos en rappelant la devise du projet telle que formulée en 2006 : « Se rencontrer pour s’entraider ». Il a parlé de la complexité et de la richesse du projet depuis son initiation par le Dr Frantz Raphaël. Il rappelé les différentes étapes, les activités, les enjeux, les obstacles et les réalisations depuis le début du projet jusqu’à ce moment. Après bon nombre de rencontres, ils ont initié des formations en compétences parentales[1].Il a mis l’accent sur la participation citoyenne pour réussir à élaborer des projets qui correspondent aux besoins réels de la population et faciliter la réussite des actions. Enfin, il a informé la communauté que la réussite de ce projet peut donner lieu à un plus grand financement de Grands Défis Canada.

D’autres personnalités qui ont prononcé des mots dans la cérémonie sont le Dr Jocelyne Brunache Pierre-Louis, Directrice de Promotion de la Santé et de la Protection de l’Environnement (DPSPE) et le Dr Girard Jeanny, Directeur de l’hôpital psychiatrique Mars et Kline. La directrice, accompagnée du responsable de l’Unité Santé Mentale, René Domerssant, a rappelé que la santé mentale ne se résume pas à la psychiatrie. Elle a informé la population des différentes actions du Ministère de la Santé Publique et de la Population pour doter le pays d’un système de santé mentale. Cette problématique est devenue une priorité de l’État suite aux évènements traumatiques survenus dans le pays ces dix dernières années. Cependant, la directrice reconnait le manque de moyens pour répondre aux besoins et les barrières culturelles qui peuvent entraver les interventions en santé mentale auprès de la communauté. Elle encourage l’initiative du Groupe de Santé Mentale (GROSAME) de Grand-Goâve qui, par son approche communautaire, peut compenser au manque de structures de soins dans les communautés. Elle plaide pour un lien solide entre GROSAME et le ministère. Elle souhaite pouvoir se servir de l’expérience de GROSAME pour rendre accessibles les soins de santé mentale dans d’autres communautés du pays. De son coté, le directeur de Mars et Kline a rappelé ses rencontres et ses entretiens avec le Dr Raphaël autour de la problématique de santé mentale en Haïti. Il a qualifié GROSAME de « Grosse Arme » pour contrer les problèmes de santé mentale à Grand-Goâve. Pour lui, c’est un petit pas, mais fondamental dans les efforts du pays dans ce cadre-là. Il a encore rappelé que nous avons un manque considérable de ressources psychiatriques dans le pays (7 médecins psychiatres pour dix millions d’habitants). Cela constitue une autre justification au développement de la base communautaire dans le modèle de soins en santé mentale.

Enfin, beaucoup de personnalités ont participé à cette cérémonie : des représentants d’associations locales, représentants des églises, représentants des houngans (prêtres vodous), représentant des CASEC (Conseils d’Administrations des Collectivités territoriales), la police, la mairie, la santé publique, la presse, des citoyens de la société civile et d’autres professionnels, amis vivant aux USA ou au Canada invités par le Dr Raphaël. C’était l’occasion de présenter le groupe et le projet, de rencontrer d’autres personnes, d’autres structures et d’établir des liens qui seront d’une grande utilité à l’implémentation de nos activités dans le cadre de ce projet. La cérémonie a été clôturée par une collation offerte aux invités qui a été l’occasion de discuter personnellement avec certaines personnes et de répondre aux questions de journalistes.


 

[1] Projet élaboré par deux jeunes Haïtiens immigrés au Canada. Il vise à répondre aux besoins des Haïtiens immigrés à Montréal et qui utilisent des méthodes éducatives ne correspondant pas aux normes québécoises.

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