« La littératie est porteuse de sens pour les personnes
dans la mesure où elle peut être reliée à des situations
quotidiennes et les aider à y faire face » ( Auerback, 1989)

L’éducation à la santé et à ses déterminants psychosociaux a maintenant pris pour nom « littératie ». En santé mentale, elle est définie comme les « connaissances et croyances relatives aux troubles mentaux (en l’occurrence les impacts négatifs du châtiment corporel) permettant de les prévenir, de les reconnaître et de les gérer ». « Les mesures visant l’amélioration de la littératie de la population ciblent donc les habiletés à repérer et à gérer l’information sur la santé mentale. Elles incluent l’amélioration de la capacité à reconnaître certains troubles et différents types de problèmes de santé mentale ainsi que l’amélioration des connaissances et la modification des croyances et des attitudes en ce qui a trait aux facteurs de risque, à la demande d’aide et aux traitements » (Desjardins et al., 2008, Avis scientifique sur les interventions efficaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux, INSP, 89).

Le module de littératie fait la promotion de la non-violence en diffusant des informations dans des émissions radiophoniques et lors de rencontres avec les membres de diverses associations. Les objectifs spécifiques sont de sensibiliser la population à la problématique de la santé mentale qui représente un défi lorsque cette population est caractérisée par un taux d’analphabétisme largement répandu, 72,6% de la population n’ayant pas dépassé le niveau primaire. Le défi se révèle de taille si, en plus, la population ne consulte pas les services de santé mentale (en réalité inexistants) ne sachant pas comment reconnaître les symptômes d’un trouble mental lorsque ceux-ci apparaissent. Le défi devient presque insurmontable si on prend conscience que le concept de santé mentale est sans équivalent en créole, langue dominante du pays.

Dans un pays où 80% des enfants sont astreints à une éducation basée en bonne partie sur l’utilisation du châtiment corporel, sensibiliser la population aux impacts psychologiques indésirables sur l’évolution des enfants de cette méthode éducative nécessite une action de masse. Un des meilleurs moyens pour atteindre une population caractérisée par les problèmes décrits précédemment est la radio. La radio constitue un moyen privilégié et économique pour rejoindre la majorité des habitants d’une région. Il est aussi un medium approprié pour communiquer des connaissances, éduquer et réaliser une activité de prévention dans un domaine comme celui de la santé mentale, Ce medium de diffusion est de plus celui qui est le plus à la portée de tous même dans les régions les plus reculées d’un pays.

En Haïti, des psychiatres avant-gardistes comme le docteur Jeanne Philippe l’avaient reconnu en offrant des émissions radiophoniques d’éducation sur la maladie mentale durant les années 70. Malheureusement toute trace de ces initiatives semble perdue, condamnant à nouveau les intervenants à devoir recommencer à neuf.

S’inscrivant dans cette orientation, GROSAME EN ONDES poursuit les objectifs suivants :

  • Pour les parents:
  1. sensibilisation aux conséquences négatives de la violence; et aux symptômes psychiatriques et psychologiques,
  2. remédiation des méthodes éducatives par l’adoption de méthodes non violentes menant à une meilleure connaissance des conséquences de la punition physique et de la violence familiale, et à des changements de comportement envers les enfants (diminution de l’usage de la punition physique), à la détection précoce des signes d’atteinte de la santé mentale et, finalement, à une augmentation du taux de consultation dans la population en besoin, à des références aux ONG, aux organismes communautaires d’aide etc.
  • pour les enfants:
  1. sensibilisation à la violence familiale et conjugale à laquelle ils sont exposés;
  2. sensibilisation aux possibilités de se protéger; les émissions étant un complément aux autres stratégies qui seront développées dans les écoles et dans les groupes de jeunes, les visites à domicile, les formations en compétences parentales, et dans les autres activités de prévention.